Question
Bonsoir, je voudrais savoir comment expliquer tout ce qui est dit à propos des chédim. D’un côté, le Rambam (Pérek 4 dans Avoda Zara, Peroush Hamishnayot) dit que dy croire serait « chorech d’avoda zara » et le Ramban, dans Aharei-Mot, affirme que ce sont les fous qui voient des images de chédim (et que cest donc un produit de l’imagination). Mais dun autre côté, beaucoup de personnes, dont des Aharonim (et même des Richonim), parlent de chédim comme de quelque chose qui existe réellement. Comment le comprendre ?
Réponse de Rav Brand Chlita:
a) Je ne répondrai quà une partie de votre demande sans « expliquer tout ce qui est dit à propos des chédim ». Je ne ferai rien dautre que d’ouvrir des portes, et élargir lhorizon pour tenter de mieux comprendre. Quant à votre dernière question de savoir sils existent réellement, il est évident quils existent réellement, mais pas forcément comme vous les imaginez
Lorsque Moché décrit les juifs idolâtres, il dit : « Ils sacrifient à des chédim, qui ne sont pas des éloha (Rachi : dieux, pouvoir), des élohim (dieux) quils ne connaissent pas, des [gens] venus dernièrement [craignent ces dieux], or leurs parents ne les craignaient pas [Rachi : leurs cheveux ne se dressaient pas sur leurs têtes] », (Devarim 32,17). Cela confirme les paroles du Rambam, qu’il y a un rapport entre les chédim et l’idolâtrie. Le Ramban cite aussi ce verset, et un autre encore : « Quils arrêtent de faire des sacrifices aux séirim (chédim) » (Vayikra 17,7 ; voir Torat Cohanim, Rachi et Ramban).
b) Dans lancienne littérature juive, le mot « chédim », quon traduit par « démons » correspond peut-être à différents phénomènes, naturels ou paranormaux. Ces derniers ne sont pas supposés être observables ou explicables scientifiquement. Ils font objets d’étude de la parapsychologie. Les augures pratiquaient certaines techniques de méditation ou inhalaient des substances toxiques ou fumigènes qui leur permettaient laccès à certaines informations par des visions ou des perceptions de rayons invisibles, appelés « chédim ». Certaines de ces pratiques sont considérées comme de lidolâtrie : « Celui qui brûle de lencens pour les chédim transgresse le péché d’idolâtrie » (Kritout 3b) ; dautres sont autorisées, bien quelles soient plutôt sans intérêt (Sanhédrin 101a). Les chédim se concrétisent sans doute également par un état de folie, provoqué entre autres par un empoisonnement alimentaire, comme nous allons le voir.
c) Avant daborder quelques passages de la Guemara, je dois clarifier un principe incontournable pour son étude. Les textes qui traitent de la Halakha sont exprimés dans le langage qui nous est familier, cest-à-dire utilisant le sens premier. Sils devaient être compris dans un second sens, il y aurait un risque de contresens, ce qui nest pas admissible. Quant aux aggadot qui ne concernent pas la Halakha, elles sont souvent exprimées, partiellement ou entièrement, dans une langue parsemée de symboles, dallusions, de paraboles, d’amphibologique, qui emploie un second sens ou un langage codé. Il faut faire attention à ne pas inverser ces données. Cest-à-dire quil ne faut pas comprendre le langage de Halakha dans un second sens, comme on peut le trouver chez les premiers chrétiens et de nos jours chez les juifs réformés, libéraux ou progressistes, ni certaines expressions dune aggada au sens propre. Il y a aussi des passages qui contiennent un volet halakha et un autre daggada. Ils peuvent ainsi inclure les deux langages quil faut démêler. Tout cela est bien connu de tous. Voir entre autres la belle introduction du Rambam dans son commentaire sur la première Michna du dixième chapitre de Sanhédrin, et dans son introduction du Guide des Egarés.
d) Je vous donne comme exemple deux passages talmudiques où un état de folie est exprimé par lexpression « possédé par un ched ».
Un choté (un homme qui a perdu la raison, un fou) est dispensé des mitsvot. Sil commet un péché, il nest pas responsable juridiquement, et il nest pas sanctionné par le tribunal. Sil vend ou achète quelque chose, la vente et lachat ne sont pas valables. Sil donne de largent des kidouchin ou un guet, ils ne sont pas valables. Ces lois ne sappliquent pas uniquement pour quelquun qui est fou toute sa vie, mais même aussi pour quelquun qui souffre de folie passagère. Sil commet un crime à ce moment-là, il nest pas sanctionné. Sil faute au moment où il est sain desprit, il est sanctionné comme tout homme. Sil vend quelque chose lors dun moment de confusion mentale, la vente nest pas valable ; sil la vendu dans un état « normal », cest valable (Ketouvot 20a ; Rambam, Mekhira 29,5). Lorsqu’un homme mandate un scribe et des témoins afin décrire pour lui et donner un guet à sa femme, ils peuvent le faire. Mais si avant de lavoir écrit, ou après lavoir écrit, et avant quils leussent donné à la femme, le mari dit : « Ne lécrivez pas », ou « Ne le donnez pas », ils ne peuvent plus le donner. Si un homme qui se trouve dans un état de confusion mentale ou de folie dit : « Ecrivez et donnez un guet à ma femme », on ne peut pas le donner. Si au moment où il dit : « Ecrivez et donnez » il est dans un état normal, puis entre dans un état de confusion, de folie, et dit : « Ne donnez pas », ces dernières paroles nont pas de valeur et elles nannulent pas les premières paroles. (Ces halakhot comportent beaucoup des détails, et il ne faut tirer aucune halakha de cet article.) La Michna aborde alors le cas dun homme qui a subi une intoxication alimentaire en buvant du vin avant la fin de sa fermentation, ce qui lui provoque un état de confusion mentale et de délire. Si cet homme dit : « Ecrivez et donnez un guet à ma femme », sa demande nest pas valable. Sil avait donné lordre lorsquil était dans un état normal, et puis a subi les effets dune intoxication et quil retire son ordre, en disant : « Nécrivez pas » ou « Ne donnez pas », on ne tient pas compte de ses dernières paroles. Létat de cet homme est appelé kourdaikous. La guérison naturelle viendrait par la consommation dune viande pauvre en graisse, grillée sur des braises, avec la dégustation dun vin coupé de beaucoup deau. La Michna nomme létat de kourdaikous « possédé par un ched ». Lhomme qui souffre de confusion mentale, qui délire à cause dune intoxication alimentaire, est donc considéré comme un homme « possédé par un ched ». Ce qui en français est appelé « confusion mentale » est traduit ici en araméen par « possédé par un ched ». Connaître le mot « kourdaikous » avait un intérêt pour celui qui lécrivait sur un parchemin dans une amulette. Cette dernière pouvait éventuellement être utile comme protection, et le mot kourdaikous jouerait le rôle dun mantra dans les médecines alternatives. (Voir tout cela dans Guitin 67b).
e) La Guemara aborde le cas dun homme qui refuse de manger de la matsa le soir de Pessah. Il est ensuite effrayé par des non-juifs armés qui le menacent de mort jusquà ce quil la mange. Il est alors quitte de la mitsva, et après le départ de ces non-juifs, il nest pas obligé den manger une seconde fois. En revanche, un homme qui se sent obligé de manger parce quun ched leffraie jusquà ce quil en mange nest pas quitte de la mitsva. Et lorsque le ched le quitte, il doit en manger à nouveau. Pourquoi sa première consommation ne la-t-elle pas rendu quitte ? Car il était considéré comme fou, et donc dispensé des mitsvot. Or une mitsva effectuée quand un homme en est dispensé pour raison de folie ne l’acquitte pas (Roch Hachana 28a ; Choulhan Aroukh, Orah Haïm 575,5).
Pourquoi cette différence de la Halakha entre la terreur exercée par des non-juifs, et celle exercée par un ched ? Serait-ce à cause du degré de frayeur inspirée par les bandits, qui serait moins terrible que celui dun ched ? La Guemara ne le dit pas. On pourrait lexpliquer plutôt ainsi : bien que la terreur engendrée par les non-juifs soit extrême, ils agissent à lextérieur de la personne, et cela naltère pas son jugement. Elle est alors considérée comme normale et reste donc soumise aux lois de la Torah. La consommation de la matsa dans cet état la rend alors quitte. En revanche, la terreur du ched agit sur lesprit de lindividu en déformant son jugement, et il est considéré comme « fou » à ce moment-là. Cet état est appelé dans le langage moderne « confusion mentale » ou « état psychotique ». Lhomme est alors dispensé des mitsvot, et lacte de manger de la matsa ne lacquitte pas de la mitsva.
f) Certaines citations concernant les chédim dans la Guemara sont abordées dans un langage symbolique. En fait, nous détectons les confusions mentales par le comportement humain. Mais ce qui se passe dans le psychisme nest pas visible à lil nu. Il est difficile de trouver des mots pour le décrire. Dailleurs, toutes les sciences sont rédigées dans un vocabulaire créé par les spécialistes en la matière et il est incompréhensible pour ceux qui ignorent ces sciences. Il en va ainsi pour les confusions mentales. Les scientifiques modernes utilisent un jargon inconnu aux non-initiés, et cest aussi le cas des sages du Talmud. Ils sexprimaient dans un jargon elliptique, énigmatique, et inaccessible aux non-initiés. Cest le cas pour les chédim. Généralement, ce sujet na pas d’impact sur la Halakha, mais là où ça la concerne, comme dans les deux cas cités matsa et guet les sages expliquent que cet état de folie a été provoqué par lingestion dune nourriture avariée, ou par un état de folie psychotique.
g) Abordons le cas du roi Chlomo. A un moment de sa vie, il fut possédé par un ched (Guitin 68b).
Il quitta son palais sans emporter de largent, uniquement sa canne et une coupe en argile. Il parcourut tout Erets Israël en mendiant et en déclarant à tous quil était le roi de Jérusalem. Pour le commun des mortels, il nétait autre quun fou ordinaire, ou un mégalomane qui délirait. Mais son comportement intrigua les Rabbanim et les laissa perplexes. Pour tirer laffaire au clair, ils sadressèrent au confident du roi, Benayahou ben Yehoyada qui leur répondit que le roi ne le consultait plus depuis longtemps. Ils interrogèrent alors les reines. Quand elles répondirent que le roi leur rendait visite, les sages souhaitèrent connaître létat de ses « pieds ». Elles affirmèrent que ceux-ci étaient couverts de « bas », et que le roi leur demandait davoir des relations interdites (de nida), et quil le proposa même à sa mère Bat-Chéva (ce que toutes refusaient évidemment). Ces témoignages confirmèrent la suspicion des sages, à savoir que le roi souffrait dun trouble mental. Ils lui imposèrent une séance dexorcisme, à la suite de laquelle il retrouva ses esprits. Mais restant fragile psychologiquement, il vécut jusquà la fin de ses jours dans la peur dune nouvelle attaque de folie. Pour se protéger, il sentoura de 60 sages, avec lesquels il sentretenait de sagesse.
Mais en fait, quest-il arrivé au roi Chlomo ? Il commit deux péchés. La Torah interdit au roi la possession de trop nombreuses épouses et de trop nombreux chevaux. Or il épousa 1000 femmes (Rois I 1,3) et possédait 40 000 boxes pour chevaux (Rois I 5,6). Selon Chlomo, ces deux interdits ne le concernaient pas. Seuls les rois « ordinaires », qui risquaient de flancher, devaient les observer. Or lui qui, d’après le témoignage du Tanakh, fut l’homme le plus intelligent que lhumanité ait produit (Rois I 5,9-11) ny était pas soumis.
Les génies sont en effet souvent sujets à des ambitions, des spéculations et des théories extravagantes. Un homme simple partage généralement ses idées avec ses pairs. Ils le contrôlent alors, et en cas derreur, le remettent en place. Les génies, en revanche, ont tendance à la méditation, à lisolement. Leurs idées pourraient alors échapper à tout contrôle, et se retourner contre eux. Le roi Chlomo ne dit-il pas : « Abondance de sagesse : abondance de chagrin. Et accroître sa science, cest accroître sa douleur » (Kohélet 1,18).
Voilà probablement pourquoi le roi Chlomo sombra dans la folie. (Le Midrach Tanhouma, Vaéra 5, explique longuement lhistoire de Chlomo.) La littérature mondiale traite dailleurs souvent de la folie des génies. Sans doute nest-ce pas par hasard que dans le langage populaire les démons sont appelés « génies ».
Que représente les « pieds » de Chlomo, et les « bas » avec lesquels il les couvrait ? En fait, les « pieds » des chédim ressemblent à ceux dun « coq » (Rachi ; Berakhot 6a). Il sagit bien sûr dune métaphore. Peut-être le sens est-il : le coq est le symbole du mari épris et séducteur (Erouvin 100b), et avec son chant, il réveille tout le monde. Il ressemble au devin qui, grâce à son intuition, distingue la lumière de la nuit avant tous : « Lorsquon entend le matin le chant du coq, on bénit D.ieu en disant : Béni sois-Tu Hachem, roi du monde, qui donne au sèkhvi/coq lintelligence de distinguer le jour de la nuit. » La tête du coq symbolise le sommet de son intelligence. Quant à ses pieds, ils renvoient plutôt à labysse, à la folie, à la déraison du génie. Quand les sages se renseignèrent auprès des reines concernant ses pieds, ils cherchaient à sonder létat mental de Chlomo. Elles confirmèrent quil les dissimulait avec des « bas » ; Chlomo essayait de cacher cette folie qui le conduisait à solliciter des rapports interdits.
Mais je nai abordé quune petite partie du récit talmudique quant à la folie de Chlomo. Ce passage (Guitin 68) exige une étude approfondie.
h) Analysons un autre passage talmudique en rapport avec les chédim et les pieds du coq : « Celui qui souhaite connaître les chédim, quil apporte de la cendre tamisée et la répande par terre autour de son lit ; au matin, il verra comme l’empreinte du pied dun coq » (Berakhot 6a). Voici une proposition comment expliquer, et je la fais précéder par quelques informations : « Le sommeil est un soixantième de la mort » (Berakhot 57b), alors, tout comme le vivant dort sur son lit, le mort dort sur son lit de mort. Le soir symbolise la mort, et le matin, la résurrection. « Lhomme vient de la poussière et retourne à la poussière » : la cendre en question renvoie à la poussière, laquelle est ce qui reste de lhomme après sa mort, après que son corps sest désintégré. Le feu de lenfer supprime les éléments impurs, et il nen reste que la partie pure, de la cendre « tamisée ». Cest à partir delle que sera reconstitué le corps à la résurrection des morts. Que doit faire lhomme pour ne pas pécher ? « Il doit toujours réveiller son bon penchant pour quil sénerve contre le mauvais penchant [afin que ce dernier lui soit soumis] sil [le bon penchant] gagne, cest bon. Sinon [lorsque le mauvais penchant ne veut pas se soumettre] que lhomme se mette à étudier la Torah. Sil gagne, cest bon, sinon, quil lise le Chema. Sil gagne, cest bon ; sinon, quil se rappelle le jour de sa mort » (Berakhot 5a). On peut remarquer quon ne doit évoquer la mort qu’en dernier recours. Ce rappel est en effet une épée à double tranchant ; la méditation autour de la mort pourrait conduire lhomme à la techouva, mais aussi à la mélancolie, voir à la folie.
Venons au sens de ce passage cité en haut : « Celui qui souhaite connaître les chédim » ; il s’agit d’un homme qui après avoir tout essayer, n’arrive toujours pas à dominer son mauvais penchant. Comme le conseille la Guemara citée, il cherche à se rappeler la terreur du jour de la mort. Il cherche la sensation de terreur que ressentent les hommes déments. « Quil apporte de la cendre tamisée » ; quil simagine son corps désintégré ; « et la répande autour de son lit » ; quil simagine être sur son lit de mort ; « le matin, il verra » ; qu’il simagine la résurrection ; « comme l’empreinte du pied dun coq » ; il sentira la terreur que ressent celui qui est possédé de folie, dextase, dexaltation, de dingue » (Berakhot 6a).
i) Voici un autre passage : « Aba Benyamin dit : « Si lil humain avait pu les voir (les chédim), personne n’aurait pu le supporter. » Abbayé dit : « Ils sont plus nombreux que nous, et ils nous encerclent comme les sillons entourent les vignes. » Rav Houna dit : « A la gauche de chacun de nous, il y en a 1000, et 10 000 à sa droite » » (Berakhot 6a). De nos jours, les microscopes électroniques rendent visibles virus, bacilles, acariens et autres micro-organismes qui sont souvent malfaisants. Mais heureusement, lil humain ne les voit pas, sinon il serait difficile de vivre.
Il me semble logique dinterpréter les faits cités par Aba Benyamin en harmonie avec ceux que nous connaissons grâce aux outils modernes. Je suis ici le conseil du Rambam, qui privilégie de rationaliser les phénomènes paranormaux : si nous pouvons harmoniser ceux qui sont rapportés dans les textes saints du judaïsme avec ceux que nous repérons dans la nature, nous devons le faire. Et cest seulement lorsque le miracle est manifeste, ou que nous possédons une tradition solide quil sagit dun miracle, que nous les déclarons comme étant des miracles (Rambam, entre autres dans la Lettre sur la Résurrection des morts).
k) Bien que je n’en connaisse pas la source, une certaine tradition veut que Rachi ait « chassé les chédim de France ». Sans savoir sil y a quelque chose de vrai dans cette tradition, je propose de la commenter. Au Moyen Age, les idées religieuses étaient fréquemment traversées par des théories mystiques, et des comportements qui létaient tout autant. Durant les temps préchrétiens, les croyances des goyim se basaient sur les dieux, et sur un mysticisme déroutant. En effet, ils nétaient pas dans le ciel pour interroger les dieux Le christianisme, bien quil ait récupéré lhistoire juive qui elle repose sur des faits réels et vécus, na pourtant pas aboli ce mysticisme. A cause de la volonté de sémanciper de la tutelle du judaïsme, et dépourvu de faits objectifs, il fut obligé dajouter massivement des idées ténébreuses. Or il y a un dicton en yiddish qui affirme : « Azoï vi es goïchzich, azoï jiddichzich/Comme se comportent les nations, ainsi se comportent les juifs. » Sans doute, une certaine ignorance régnait parmi les juifs en France, et ils étaient influencés par les idées venues de leur environnement. Mais cela changea avec l’arrivée en France de notre auguste maître et lumière : Rachi. Après avoir étudié en Allemagne chez les élèves de Rabbénou Guerchom Méor haGola, il apporta la connaissance de la Torah, de toute la Torah, écrite comme orale, en France. Jamais quelquun en France avant lui ne connaissait comme lui le Chass en entier, les Midrachim et les responsa des Géonim. Il transmit son savoir à des centaines d’élèves, qui eux à leur tour la diffusèrent à une échelle inconnue jusque-là dans toute lEurope. Les commentaires de Rachi sur le Tanakh et le Chass, et ses réponses halakhiques conquirent immédiatement toute lEurope. La pratique du judaïsme changea évidemment. Au lieu de craindre les démons, on craignit dès lors D.ieu. Plutôt que de discuter des idées mystiques des chédim, on étudiait dorénavant la sainte Torah et on pratiquait les mitsvot selon la loi. Le sens du judaïsme ne tournait plus autour des notions empruntées au christianisme, mais autour de la Torah. Cest éventuellement le sens de la tradition qui affirme que Rachi a « chassé les démons » de France.