1.Viande ‘Halak Beth Yossef
Question :
Peut on manger de la viande dite « cacher » ou bien doit on manger uniquement de la viande dite : « ‘Halak Beth Yossef » ?
[Introduction a la réponse :
Après son abbatage rituel ; l’animal doit subir nombre de vérifications au niveau des poumons. En effet le bétail est souvent affectés au niveau des poumons a cause des conditions alimentaires et climatiques auxquelles ils sont livrés. [Cha’h Y.D siman 39,2].
De ce fait il est une nécessité absolue de procéder a une vérification pointilleuse des poumons (seul les volailles en sont dispensés car leur poumons sont généralement intact ).
L’importance de cet examen est telle que le Choul’han Arou’h (Y.D siman 39,1) nous avertit que quiconque en passerait outre serait passible de lourdes souffrances . La vérification consiste a s’assurer que le poumon est intact et entier . S’il présente une perforation a un seul endroit il est prohibé et l’ensemble de la bête est impropre a la consommation .
Du fait que le poumon est un organe filandreux; des excroissances minimes sont susceptibles de dissimuler des perforations a certains endroits ]
Réponse :
Certains décisionnaires autorisent l’extraction de ces excroissances avec délicatesse afin de s’assurer qu’elles ne dissimulent pas une perforation du poumon .
C’est l’avis du Rama (Y.D siman 39,13)et tel est l’usage de l’ensemble des communautés achkenazes.
Toutefois il reconnaît lui même que quiconque procède de la sorte fait preuve de trop d’indulgence .
En Allemagne ; Pologne et Lituanie la coutume plus indulgente, autorise a arracher les excroissances en les coupant a la base avec l’ongle. Néanmoins dans ce cas une vérification supplémentaire est requise : elle consiste a gonfler le poumon et a l’introduire dans l’eau afin de s’assurer qu’aucune perforation n’est dissimulée .
Maran ; l’auteur du Choulhan Arou’h ( siman 39,10) émet une opinion plus rigoureuse; a tel point que le ch arouh avertit explicitement que quiconque procèderait ainsi ( en retirant les excroissances) est considéré comme alimentant le peuple juif de viande impropre a la consommation !
Ainsi a priori il est totalement défendu a une personne de rite SÉFARADES de se conformer a l’opinion plus indulgente. Elle devra absolument consommer de la viande dont les poumons sont parfaitement intacts ce qu’on appelle en hébreu : »Halak »( Beth Yossef )
Tel est l’ensemble des décisionnaires séfarades et la coutume a l’origine dans la majorité des communautés séfarades ( voir *annexe pour l’Afrique du Nord )
Référence :
–Ziv’hé Tsedek (siman 39,190)
–Caf Ha’hayime (siman 39,221)
–Yebia Omer ( helek 5 siman 3,1)
–Ye’havé Daâte (Helek 3 siman 56)
Enfin un grand nombre de décisionnaires achkenazes adoptent une conduite plus rigoureuse dans ce domaine et consomment seulement de la viande « Glatt » (qui signifie lisse en Yiddich) .
Il existe tout de même une grande différence entre les normes de viande dites « Glatt » , où l’on tolère de retirer quelques excroissance si elles sont fines;
et celles bien plus rigoureuses dite :
« ‘Halak Beth Yossef » , ou aucun filament n’a étant retiré.
En effet ,selon le Beth Yossef le fait de retirer tout excroissance de la bête la plus fine soit elle rend la bête « Taref».
C’est pourquoi il sera interdit à un Séfarade de manger de la viande dite « Glatt » .
[Tirer du livre » Les fondement de la Cacherouh » ( page 341 a 343) de Rav Yossef Loria ]
*Annexe concernant le minhag en Afrique du Nord ( Voir CONCLUSION) :
En guise d’introduction il est bon de
rappeler que l’ensemble des communautés séfarades (que ce soit au moyen orient ou en Afrique du Nord ) ont pris sur eux l’engagement de suivre toute les décisions du Beth Yossef .
Cependant il existe parfois quelques nuances entre le minhag en place et le psak du ch arouh et ces nuances sont parfois un peu plus marqué dans les communautés d’Afrique du Nord.
Il convient tout de même de préciser que cela est reste relativement rare car en effet de manière générale il n’ya pas plus de 5% de minhag qui font contraire dans les communauté au psak du ch arouh
Ce qui signifie qu’il faudra se montrer particulièrement vigilant lorsque l’on entend : « AH ON A LE MINHAG ! »
Il faudra bien vérifié la source en de renseigner correctement afin de déterminer si la coutume en question est bien solidement fondé.
Concernant la viande Halak Beth Yossef il est connu qu’en Afrique du Nord le minhag n’était pas exactement conforme a l’avis du Beth Yossef .
Cependant il y’a lieu de rapporter quelques précisions face a ce minhag que je partagerai en 3 parties :
A) Est ce que toute les communautés d’Afrique du Nord était indulgent a ce sujet ?
B)Quelle était exactement l’indulgence pratiqué ?
Correspond telle a celle des achkenzimes a savoir qu’il suffit de manger de la viande dite « kacher » tout cours ?
C) Et pourrait on continuer de pratiquer un tel minhag pour les sefardimes de nos jours a priori ?
Partie A) :
Il faut savoir que ce n’est pas toute l’Afrique du Nord qui était indulgent a ce sujet . En effet dans les communautés du sud de la Tunisie ( Jerba, Gabès , Zarzis…) on ne consommait que de la viande dite : « Halak Beth Yossef »
[Berit Kehouna (Y.D tome 1 page 296 halaha 24 ot « sameh » ); Alé Hadass]
Voir également le « Êne Yishak » de RAV YISHAK Yossef sur les kellaime dhalaha où il rapporte qu’à Marakech on n’appliquait pas la mesure d’indulgence qui a était adopté dans l’ensemble du Maroc ]
Partie B) :
Il est rapporté dans plusieurs sefarimes de minhaguime que le minhag au Maroc (qui s’est répandu finalement dans la plupart des communautés d’Afrique du Nord) était d’être moins rigoureux à ce sujet en suivant par cela les sages de castilles
qui autorisaient de gonfler le poumon de l’animal dans le cas où se trouve des excroissances collé à la paroi du poumon , afin de s’assurer que l’excroissance présente ne dissimule pas de trou ,et cela même s’il y’a pas l’animal n’a pas reçu de coup à ce niveau en suivant l’opinion du Raza et de Rabbenou Tam (à l’encontre de l’opinion du Rif et Rambam retenu par le Ch arouh Y.D 39,13). [ Voir Maguen Avote (tome 2 dans son introduction sur le Siman 39 page 6 a 8); Nahagou Haâme Y.D ot 7 ; Netivot hamaarav ]
En effet, juste après l’expulsion des juifs d’Espagne ( fin du 15eme siècle) plus de 20000 juifs se sont installés au Maroc ce qui créa 2 grandes communautés :
-les « tochavimes »=premiers résident du Maroc qui étaient mahmir comme le « Rif » avis retenu par le Beth Yossef
-les « megorachimes »= communautés expulsés d’Espagne originaire essentiellement de castille qui étaient mekel a ce sujet.
Ce qui créa alors une terrible Mahloket au Maroc a ce sujet a savoir quel attitude un convenait d’adopter à ce sujet .
Finalement les « megorachimes » ont pris le dessus , et n’ont pas accepté de suivre l’avis du Rif (et Rambam) déjà en place en Maroc , car cela leur occasionnait une énorme perte financière ( en effet une bête Halak Beth Yossef est bien plus rare et les non juif ne voulaient pas toujours acheter la viande des juifs ce qui était difficile pour les megorachimes d’adopter la rigueur )
C’est la raison pour laquelle qu’ils ont créé par la suite leur propre boucherie , au point qu’ils ont réussit a s’imposer et généraliser leur minhag dans l’ensemble du Maroc ( Cela est du en grande partie a l’influence plus importante qu’ils avaient vis a vis du gouvernement que les « tochavimes » car comme explique plus haut la Mahloket était tellement grande que le roi a du s’en mêler …)
Toutefois le Or Ha’hayime hakadoche
qui vécut au Maroc critiqua fortement ce minhag en rapportent les fameuses paroles du Rav Hayim G’anine (bien qu’étant issue des « megorachimes ») qui donna raison a 100% aux « Tochavimes » !
[Voir le Péri Toar siman 39,32]
Car comme mentionné le minhag original a Fès ainsi que dans l’ensemble du Maroc était d’interdire catégoriquement tout gonflement des poumons ,bien que les megorachimes ont réussi a s’imposer …
Aussi a la page 243 du Ateret avot ,
l’auteur rapporte au nom du sefer Zokher Berit Avote (page 152) une anecdote fort intéressante, a savoir que rabbi Yossef Karo est arrivé au Maroc a Marakech,
et a discuté avec rabbi Yishak Delouya pour faire annuler ce minhag qui selon le Beth Yossef est contre la halaha et malgré tout le Rav et la communauté du Maroc n’ont pas accepté !
[On voit tout de même de la que bien que le Beth Yossef a dit dans son introduction a son sefer la chose suivante : »Je ne suis pas venir déraciner les coutumes déjà ancrée dans certaines communautés » cela ne doit pas être une règle générale en toute circonstance ; preuve en est qu’il a voulu lu même faire changer le minhag du Maroc concernant le fait de faire gonfler les poumons !]
Malgré tout, il reste a définir qu’elle était exactement la mesure d’indulgence adoptée (par dépit) au Maroc , puis par la suite dans le reste de l’Afrique du Nord (excepté Gerba, Gabès…).
En réalité, contrairement à l’idée fortement répandu, le minhag d’Afrique du Nord n’était pas d’être mekel comme le rama concernant le fait d’être « ממעך הסרכות » (=extraction des excroissances)
En effet ,comme rapporté plus haut,
l’indulgence pratiquée ne s’appliquait qu’au gonflage des poumons (pour les « סרכות התלויות בדופן» ),mais en aucun cas au « מעוך ומשמוש של סרכות » (=écrasement et retrait des filaments ou excroissances ) qu’il soit épais ou fin cela était interdit !
C’est a dire que toute viande tamponné de nos jours avec un simple tampon cacher (ou même glat )n’aurait pas été validé au Maroc ainsi que l’ensemble des communautés séfarades (puisque le Glat permet d’écraser et de retirer les filaments fin même si c’est qu’en petite quantité ; cela n’est pas suffisant pour pouvoir validé la cacheroute de la bête )
Voir aussi le kountrass « Ziv’hé Raçon« (ot 81) de Rav Chelomo Iben Tsour (rapporté dans le Sefer «Noheg Be’hokhma » page 78 )qui écris la chose suivante :
« La coutume est de ne pas écraser les excroissances même si celle ci serait extrêmement fine , et que celui qui agirait ainsi alimenterait le peuple juif de nourriture Taref ! »
Et ainsi écrit le RAV Refaël berdugo (18ème siècle ) un des plus grand sages du 18ème siècle qu’ait connu le Maroc surnommé l’ange Refaël (Voir le Torot émet 39,24), ainsi que le Rav Hazan ( Ye’havé Daâte dans son introduction sur les vérification du poumons fin helek 3) .
Voici aussi les propos de Rav Chalom Messas Zatsal a ce sujet :
« La coutume des juifs originaires du Maroc et de l’ensemble des Séfarades est de se conformer a l’avis de Maran . Il est donc défendu de retirer les excroissances du poumon. Celui qui agit ainsi, alimente le peuple juif de viande impropre a la consommation que l’Eternel nous préserve d’une telle situation ! » [Chemech Oumaguene tome 3 O.H siman 59,4] .
Et tel est l’avis également du dernier doyen des sages du Maroc, Rav Yehochoua Maman qui écrit ainsi dans son chout « Emek Yehouchoua » (tome 3 siman 14 ) . [Voir aussi le Maguen Avote Helek 2 Siman 39,10 ainsi que le Ateret Avote Helek 3 page 243)].
Partie C) :
Même en ce qui concerne l’indulgence rapporté dans la partie B) concernant le gonflement des poumons contre l’opinion du Beth Yossef, la plupart des rabbanime d’Afrique du Nord préconisent la rigueur de nos jours :
Voir le sefer « Netivot hamaarav » de Rav ELIAHOU Bitton (« Notène Taâme » note 1 page 281) qui conclue que de nos jours il est évident qu’il faut se montrer rigoureux et de ne consommer que de la viande ‘Halak Beth Yossef!
Aussi le RAV Suissa ( auteur du sefer Ateret Avote) questionna le Rav Eliahou Abergel (Av Beth din de Yerouchalayime et élève de RAV Chalom Messas) a ce sujet .
Ce dernier lui répondit que ce « heter » ne s’est répandu uniquement suite a la situation économique extrêmement difficile . En effet , à l’origine il était interdit aux arabes d’acheter les bêtes taref des juif et cela provoquait une perte considérable et qu’il est donc d’une importance capitale de revenir au minhag a l’origine ! [Ateret Avote page 243, « Êne Yishak » au nom de RAV Chlomo Amar.
En réalité, même le Caf Ha’hayime (39,221) rapporte qu’en cas de guerre
(ou bien de famine) il y’a lieu de suivre l’avis plus indulgent..]
Aussi le Alé Hadass (page 791/794)
rapporte au nom du Rav Moché Sitruk (Yachiv Moché helek 2 siman 87) que cet autorisation s’est répandu uniquement en raison de la situation économique très difficile du pays . C’est pourquoi il conclue aussi que le fait de manger de nos jours Halak Beth Yossef pour ceux qui sont d’origine d’Afrique du Nord est considéré comme « mahazir atara leyochna « .
Et tel est l’avis de Rav Meir MAZOUZ rapporté dans le Alon Bayit neeman 143 note 12 que ce minhag s’est répandu uniquement suite aux difficulté économique et qu’il n’est plus d’actualité .
Mais de nos jours cela n’est plus du tout d’actualité ! En effet, on peut très bien travailler uniquement avec les 10% de viande Halak Beth Yossef et revendre le reste aux non juif .
CONCLUSION:
Il en ressort clairement que même les juifs d’Afrique du Nord se doivent de s’efforcer a manger de la viande uniquement « ‘Halak Beth Yossef » pour les 2 dernières raison cités :
-Les organismes de cacherout qui affichent viande « Glatt » retirent quelque filaments (même s’il ne s’agit que de petits filament et que d’une petite quantité cela reste interdit même selon le minhag comme écrit plus haut) . En effet ,les achkenazimes ne font pas la distinction comme c’était le cas au Maroc comme cela est rapporté a la fin de la partie B)!
-De nos jours la viande « ‘Halak beth Yossef » est bien plus facile d’accès qu’à l’époque et n’occasionne pas de très grandes pertes comme c’était le cas autrefois .
C’est pourquoi , l’ensemble des rabbanime issus d’Afrique du Nord préconisent de consommer pour un séfarade uniquement de la viande dite : »’Halak Beth Yossef » comme cela est rapporté dans la partie C.