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Traduction-2

41,1
Après un intervalle de deux années, Pharaon eut un songe, où il se voyait debout au bord du fleuve.
Ce fut

Comme le traduit le Targoum : à la fin. Le mot qéts signifie toujours « fin »
Sur le fleuve (hayeor)

Aucun autre fleuve que le Nil n’est appelé yeor. C’est parce que le pays est sillonné de nombreux canaux artificiels (yeorim) dans lesquels se répandent, à des fins d’irrigation, les eaux du Nil. Car les pluies ne sont pas, en Egypte, aussi fréquentes que dans les autres pays
41,2
Et voici que du fleuve sortaient sept vaches belles et grasses, qui se mirent à paître dans l’herbage;
Belles à voir

C’est une indication pour les jours d’abondance, où les créatures paraîtront belles les unes aux autres et où l’on ne se regardera pas d’un œil revêche (Beréchith raba 89, 4)
Dans l’herbage

Prairie marécageuse. En français médiéval : « maresc », comme dans : « l’herbe des marais (a‘hou) pousse » (Iyov 8, 11)
41,3
puis sept autres vaches sortirent du fleuve après elles, celles là chétives et maigres et s’arrêtèrent près des premières au bord du fleuve;
Maigres de chair

En français médiéval : « tenves », à savoir « minces »
41,4
et les vaches chétives et maigres dévorèrent les sept vaches belles et grasses. Alors Pharaon s’éveilla.
Mangèrent

Signe que toute la joie de l’abondance sera oubliée quand viendront les jours de famine
41,5
Il se rendormit et eut un nouveau songe. Voici que sept épis, pleins et beaux, s’élevaient sur une seule tige;
Sur une seule tige

En français médiéval : « tudel » (« tuyau »)
Sains

En français : « sains »
41,6
puis sept épis maigres et flétris par le vent d’est, s’élevèrent après eux,
Brûlés

En français : « hâlés ». Traduction du Targoum : frappés (cheqifan) par le vent d’orient, de la même racine que le mot hébreu machqof (« seuil »), continuellement frappé par le battant de la porte
Le vent d’orient

Un vent d’orient qu’on appelle en français la « bise »
41,7
et ces épis maigres engloutirent les sept épis grenus et pleins. Pharaon s’éveilla et c’était un songe.
Sains

En français : « sains »
C’était un rêve

Le rêve étant désormais achevé, restait à trouver des gens aptes à l’interpréter
41,8
Mais, le matin venu, son esprit en fut troublé et il manda tous les magiciens de l’Égypte et tous ses savants. Pharaon leur exposa son rêve, mais nul ne put lui en expliquer le sens.
Son esprit fut agité (watipa‘èm)

C’est ainsi que traduit le Targoum. Son esprit était agité comme sous l’effet du battement d’une cloche (pa’amon). Le même mot est employé chez Nevoukhadretsar, mais au hithpa’él : watithpo’èm (avec deux taw), parce qu’il était doublement tourmenté : il avait oublié son rêve et en plus sa signification lui échappait (Beréchith raba 89, 5)
Les devins

Le mot ‘hartoumim (« devins ») se décompose en deux mots : hané‘harim (« ceux qui scrutent ardemment ») et timé (« ossements » en araméen). Il s’agit de nécromanciens. On trouve dans la michna l’expression : « une maison pleine d’ossements (tamaya) (Ohaloth 17, 3. Voir Rachi Berakhoth 59a, s.v. ouva tamaya)
Et nul ne put les interpréter à Pharaon

Ils étaient capables de les interpréter, mais pas « à Pharaon ». Ce qu’ils disaient ne pénétrait pas dans son entendement, et il ne trouvait dans leurs interprétations aucun apaisement. Car ils lui disaient qu’il aurait sept filles et qu’ils les enterrerait toutes (Beréchith raba 89, 6)
41,9
Alors le maître échanson parla devant Pharaon en ces termes: « Je rappelle, en cette occasion, mes fautes.
41,10
Un jour, Pharaon était irrité contre ses serviteurs; et il nous fit enfermer dans la maison du chef des gardes, moi et le maître panetier.
41,11
Nous eûmes un rêve la même nuit, lui et moi, chacun selon le pronostic de son rêve.
Chacun a rêvé selon l’interprétation de son rêve

Le rêve de chacun a appelé l’interprétation qui lui en a été donnée par la suite et lui a correspondu
41,12
Là était avec nous un jeune hébreu, esclave du chef des gardes. Nous lui racontâmes nos songes et il nous les interpréta, à chacun selon le sens du sien.
Un jeune Hébreu

Maudits soient les impies, dont même les bonnes actions qu’il leur arrive d’accomplir ne sont pas complètes ! Le maître-échanson parle ici de Yossef en des termes méprisants
« Hébreu »

il ne connaît même pas notre langue
« Serviteur »

les lois fondamentales de l’Egypte interdisent à un serviteur d’occuper une fonction royale ou de revêtir des vêtements princiers (Beréchith raba 89, 7)
41,13
Or, comme il nous avait pronostiqué, ainsi fut-il: moi, je fus rétabli dans mon poste et lui on le pendit. »
On me rétablit dans mon poste

Le sujet du verbe est « Pharaon », dont il vient d’être question dans « Pharaon était irrité contre ses serviteurs » (verset 10). Le texte emploie un langage elliptique et sous-entend le sujet, parce qu’il n’est pas nécessaire pour sa compréhension de préciser qui « a rétabli ». Il est évident que seul pouvait « rétablir » celui qui avait autorité pour le faire, à savoir Pharaon. Il en est ainsi de tous les versets comportant des ellipses : lorsqu’on sait qui fait l’action, le texte omet le sujet du verbe
41,14
Pharaon envoya quérir Joseph, qu’on fit sur le champ sortir de la geôle; il se rasa et changea de vêtements, puis il parut devant Pharaon.
Du cachot

Du cachot qui est creusé comme un puits. Le mot bor (« puits ») a toujours le sens de « creux », même s’il n’y a pas d’eau. En français : « fosse »
Il se rasa

En l’honneur du roi (Beréchith raba 89, 9)
41,15
Et Pharaon dit à Joseph: « J’ai eu un songe et nul ne l’explique; mais j’ai ouï dire, quant à toi, que tu entends l’art d’interpréter un songe. »
Tu entends un songe pour l’interpréter

Tu t’appliques à comprendre un rêve de manière à l’interpréter
Tu entends (tichma’)

Dans le sens de comprendre et d’appliquer son attention, comme dans : « et eux ne savaient pas que Yossef entendait (chomé’a) » (infra 42, 23), ou dans : « nation dont tu n’entendras pas la langue (lo tichma’) » (Devarim 28, 49). En français : « entendre »
41,16
Joseph répondit à Pharaon en disant: « Ce n’est pas moi, c’est Dieu, qui saura tranquilliser Pharaon. »
Ce n’est pas moi

La sagesse n’est pas de moi, mais « c’est Eloqim qui donnera une réponse ». Il mettra dans ma bouche la réponse qui « donnera la paix à Pharaon »
41,17
Alors Pharaon parla ainsi à Joseph: « Dans mon songe, je me tenais au bord du fleuve.
41,18
Et voici que du fleuve sortirent sept vaches grasses et de belle taille, qui vinrent paître dans l’herbage;
41,19
puis sept autres vaches les suivirent, maigres, d’apparence fort chétive et toutes décharnées: je n’en ai point vu d’aussi misérables dans tout le pays d’Égypte.
Pauvres

Maigres, comme dans : « pourquoi es-tu aussi pauvre (dal) ? » (II Chemouel 13, 4), à propos d’Amnon
Et maigres de chair

Le mot raqoth, dans le texte, signifie toujours une absence de chair. En français médiéval : « bloses »
41,20
Ces vaches maigres et chétives dévorèrent les sept premières vaches, les grasses.
41,21
Celles ci donc passèrent dans leur corps, mais on ne se serait pas douté qu’elles y eussent passé: elles étaient chétives comme auparavant. Je m’éveillai.
41,22
Puis je vis en songe sept épis, s’élevant sur une même tige, pleins et beaux;
41,23
ensuite sept épis secs, maigres, brûlés par le vent d’est, s’élevèrent après eux,
Desséchés (tsenoumoth)

Le mot araméen tsounma signifie « rocher » (Baba Batra 18a). Ces épis étaient comme du bois sans sève, ils étaient durs comme de la pierre. Selon la traduction du Targoum, ils ne portaient que l’enveloppe et ne contenaient pas de grains
41,24
et ces épis maigres absorbèrent les sept beaux épis. Je l’ai raconté aux magiciens et nul ne me l’a expliqué. »
41,25
Joseph dit à Pharaon: « Le songe de Pharaon est un: ce que Dieu prépare, il l’a annoncé à Pharaon.
41,26
Les sept belles vaches, ce sont sept années; les sept beaux épis, sept années: c’est un même songe.
Sept années

Ce sont les mêmes sept années. Et si le rêve s’est répété à deux reprises, c’est que la chose est imminente, comme le dira Yossef : « quant à la répétition du rêve à Pharaon par deux fois… ». (verset 32). Lorsqu’il prédit les sept bonnes années, il dit à Pharaon : « ce que Eloqim prépare, Il l’a “déclaré” à Pharaon » (verset 25), car une annonce s’applique à ce qui va avoir lieu immédiatement. Tandis que pour les mauvaises, il lui dit : « ce que Eloqim prépare, Il le “montre” à Pharaon » (verset 28), le verbe « montrer » convenant mieux à la révélation d’une information à échéance plus éloignée et plus lointaine
41,27
Et les sept vaches maigres et laides qui sont sorties en second lieu, sept années, de même que les sept épis vides frappés par le vent d’est. Ce seront sept années de famine.
41,28
C’est bien ce que je disais à Pharaon ce que Dieu prépare, il l’a révélé à Pharaon.
41,29
Oui, sept années vont venir, abondance extraordinaire dans tout le territoire d’Égypte.
41,30
Mais sept années de disette surgiront après elles et toute abondance disparaîtra dans le pays d’Égypte et la famine épuisera le pays.
Et toute l’abondance sera oubliée

C’est ce que voulait dire l’engloutissement [des premières vaches par les secondes et des épis pleins par les vides]
41,31
Le souvenir de l’abondance sera effacé dans le pays par cette famine qui surviendra, car elle sera excessive.
Ne sera plus connue

C’est ce que voulait dire : « sans qu’on sût qu’elles fussent passées dans leur ventre » (verset 21)
41,32
Et si le songe s’est reproduit à Pharaon par deux fois, c’est que la chose est arrêtée devant Dieu, c’est que Dieu est sur le point de l’accomplir.
Arrêtée

Imminente
41,33
Donc, que Pharaon choisisse un homme prudent et sage et qu’il le prépose au pays d’Égypte.
41,34
Que Pharaon avise à ce qu’on établisse des commissaires dans le pays et qu’on impose d’un cinquième le territoire d’Égypte durant les sept années d’abondance.
Et qu’on impose d’un cinquième (we‘himéch)

Traduction du Targoum : « qu’ils préparent », comme dans : « équipés » (‘hamouchim) (Chemoth 13, 18)
41,35
Qu’on amasse toute la nourriture de ces années fertiles qui approchent; qu’on emmagasine du blé sous la main de Pharaon, pour l’approvisionnement des villes et qu’on le tienne en réserve.
Toute la nourriture

Le mot okhel est ici un substantif, et l’accent tonique est mis sur l’avant-dernière syllabe (alèf), la syllabe finale étant ponctuée d’un sègol. Lorsque le même mot est un verbe, comme dans : « quiconque mangera du suif » (Wayiqra 7, 13), il est accentué sous la dernière syllabe, laquelle est alors ponctuée d’un tséré
Sous la main de Pharaon

Sous son autorité et dans ses entrepôts
41,36
Ces provisions seront une ressource pour le pays, lors des sept années de disette qui surviendront en Égypte, afin que ce pays ne périsse pas par la famine. »
La nourriture…

…ainsi amassée sera comme toute autre réserve emmagasinée pour assurer la subsistance du pays
41,37
Ce discours plut à Pharaon et à tous ses serviteurs.
41,38
Et Pharaon dit à ses serviteurs: « Pourrions-nous trouver un homme tel que celui-ci, plein de l’esprit de Dieu? »
Trouverons-nous

Traduction du Targoum : « Si nous en cherchions, en trouverions-nous un comme lui ? » Le verbe hanimtsa est à la forme interrogative. Aussi le préfixe hé, comme toujours dans ce cas, est-il ponctué d’un ‘hataf pata‘h (« petit pata‘h ») comme marquant une interrogation
41,39
Et Pharaon dit à Joseph: « Puisque Dieu t’a révélé tout cela, nul n’est sage et entendu comme toi.
Nul n’est intelligent et sage comme toi

Pour chercher « l’homme intelligent et sage » dont tu as parlé (verset 33), il ne s’en trouvera pas « comme toi »
41,40
C’est toi qui sera le chef de ma maison; tout mon peuple sera gouverné par ta parole et je n’aurai sur toi que la prééminence du trône. »
Sera nourri (yichaq)

C’est la traduction du Targoum. Tous les besoins de mon peuple seront satisfaits par tes soins, comme dans : « l’intendant (ben mèchèq) de ma maison » (supra 15, 2), ou dans : « attachez-vous (nachqou) à ce qui est pur » (Tehilim 2, 12). En français médiéval : « garnison »
Seulement par le trône

C’est moi qui continuerai d’être appelé le roi
le trône

Le mot kissé (« trône ») est l’expression de la dignité royale, comme dans : « il a agrandi son trône (kisso) au-dessus du trône (mikissé) de mon maître le roi » (I Melakhim 1, 37)
41,41
Pharaon dit à Joseph: « Vois! je te mets à la tête de tout le pays d’Égypte. »
Je t’ai placé (nathati – littéralement : « je t’ai donné »)

Traduction du Targoum : « Je t’ai nommé ». On trouve tout de même ici une idée de « donner », comme dans : « pour te placer (oulethitekha) plus haut » (Devarim 26, 19). Le même mot « donner » convient tout aussi bien pour exprimer l’idée d’élévation que celle d’abaissement, comme dans : « Je vous ai rendus (nathati) méprisés et humiliés » (Malakhi 2, 9)
41,42
Et Pharaon ôta son anneau de sa main et le passa à celle de Joseph; il le fit habiller de byssus et suspendit le collier d’or de son cou.
Et Pharaon ôta son anneau

Quand un roi retire son anneau pour le donner à quelqu’un, c’est qu’il le nomme son second en majesté
De vêtements de lin

Signe, en Egypte, de haute considération (voir Rachi, supra 2, 11)
Le collier

On l’appelle en hébreu revid parce qu’il est composé de chaînons assemblés entre eux, comme dans : « j’ai couvert mon lit d’ornements assemblés en tapisserie (marvadim) » (Michlei 7, 16), ou dans la michna : « entouré de rangées (rouvadin) de pierres » (Middoth 1, 8), « sur la rangée (rovèd) de pierres de la cour du Temple » (Yoma 43b), à savoir le sol carrelé (ritspa), [de la même racine]
41,43
Il le fit monter sur son second char; on cria devant lui: Abrêk et il fut installé chef de tout le pays d’Égypte.
Sur son deuxième char

Le deuxième, juste après celui du roi, et qui le suit en deuxième position, [et non : « dans le char du vice-roi »]
Avrékh

Traduction du Targoum : Le père [à savoir le conseiller] du roi. Le mot araméen rékh (ou latin rex, selon certaines éditions) veut dire « roi », comme dans « ni noble (rékha) ni fils de noble » (Baba Batra 4a). Dans le midrach, rabi Yehouda applique le mot avrékh à Yossef en ce qu’il était av (« père ») en sagesse, et rékh (« tendre ») en années (Sifri Devarim 1). Sur quoi rabi Yossé ben Dourmasqith lui a objecté : « Jusqu’à quand vas-tu détourner les textes de leur sens ? Le mot avrékh n’a pas d’autre signification que celle de « genoux » (birkayim), voulant dire ici que tous lui étaient soumis, comme indiqué à la fin du verset : « il fut installé dans tout le pays d’Egypte »
41,44
Pharaon dit à Joseph: « Je suis le Pharaon; mais, sans ton ordre, nul ne remuera la main ni le pied dans tout le pays d’Égypte. »
Je suis le Pharaon

Je dispose sur mon royaume du pouvoir absolu, et je décide donc que « nul ne lèvera la main en dehors de toi
sans toi

Sans ton autorisation. Autre explication : « Je suis le Pharaon » – je reste le roi, « et sans toi… ». On retrouve ici la même idée qu’au verset 40 : « seulement par le trône je serai plus grand que toi »
« Sa main

Comme le traduit le Targoum : « Sa main » pour saisir une arme, « son pied » pour monter à cheval
41,45
Pharaon surnomma Joseph Çâfenath Panéah et il lui donna pour femme Asenath, fille de Pôti Féra, prêtre d’On. Joseph fit une excursion dans le pays d’Égypte.
Tsafenath Pa’néa‘h

Qui explique les choses cachées (tsefounoth). Quant au mot pa’néa‘h, on ne le trouve nulle part ailleurs dans le texte biblique
Poti Fèra’

Il s’agit de Potifar. On l’a appelé Poti Fèra’ parce qu’il s’est imposé la castration pour avoir conçu un désir impur pour Yossef, [le mot féra’ impliquant l’idée de castration] (Sota 13b)
41,46
Or, Joseph avait trente ans lorsqu’il parut devant Pharaon, roi d’Egypte. Joseph, étant sorti de devant Pharaon, parcourut tout le pays d’Egypte.
41,47
La terre, pendant les sept années de fertilité, produisit d’abondantes moissons.
La terre rapporta (wata‘as)

Comme le traduit le Targoum : « les habitants du pays rassemblèrent ». Le verbe conserve, de toutes manières, le sens de « faire »
A pleines mains (liqmatsim)

Ils emmagasinaient « poignée (qomets) sur poignée », brassée sur brassée
41,48
On amassa toutes les denrées des sept années, qui se trouvèrent dans le pays d’Égypte et l’on approvisionna les villes: on mit dans chaque ville les denrées des campagnes d’alentour.
Il mit dans chaque ville la nourriture des champs qui étaient autour d’elle

Chaque région veillait à la conservation de ses propres productions, [celles-ci restant entreposées à proximité immédiate du lieu où elles avaient été récoltées]. On y ajoutait, afin de les empêcher de pourrir, un peu de la terre dans laquelle elles avaient poussé (Beréchith raba 90, 5)
41,49
Et Joseph fit des amas de blé considérables comme le sable de la mer; tellement qu’on cessa de le compter, car c’était incalculable.
Tellement qu’on cessa de compter

Au point que celui qui comptait cessait de compter. Le texte emploie ici un langage elliptique
Car (ki) c’était sans nombre

La conjonction ki est employée ici dans le sens de « car » (voir Roch haChana 3a. Voir aussi Rachi supra 18, 15)
41,50
Or, il naquit à Joseph, avant qu’arrivât la période de disette, deux fils, que lui donna Asenath, fille de Pôti Féra, prêtre d’On.
Avant que ne vînt l’année de famine

D’où l’on apprend qu’il est interdit d’avoir des rapports avec sa femme en période de famine (Ta‘anith 11a)
41,51
Joseph appela le premier né Manassé: « Car Dieu m’a fait oublier toutes mes tribulations et toute la maison de mon père. »
41,52
Au second, il donna le nom d’Éphraïm: « Car Dieu m’a fait fructifier dans le pays de ma misère. »
41,53
Quand furent écoulées les sept années de l’abondance qui régnait dans le pays d’Égypte,
41,54
survinrent les sept années dedisette, comme l’avait prédit Joseph. II y eut famine dans tous les pays, mais dans tout le pays d’Égypte il y avait du pain.
41,55
Tout le territoire égyptien étant affligé par la disette, le peuple demanda à grands cris, à Pharaon, du pain. Mais Pharaon répondit à tous les Égyptiens: « Allez à Joseph; ce qu’il vous dira, vous le ferez. »
Tout le pays d’Egypte était affamé

Parce que les réserves qu’ils avaient accumulées, hormis celles réunies sous l’autorité de Yossef, s’étaient gâtées (Beréchith raba 90)
Ce qu’il vous dira

Yossef leur disait de se faire circoncire. Ils se présentaient alors devant Pharaon et lui disaient : « Voilà ce que nous a dit Yossef ! » Pharaon leur répondait : « Mais pourquoi n’avez-vous pas amassé des réserves de grain ? Il avait pourtant fait proclamer que des années de famine allaient venir ! » Ils lui disaient alors : « Nous avons effectivement accumulé des réserves, mais elles se sont gâtées ». D’où l’ordre de Pharaon : « S’il en est ainsi, “ce qu’il vous dira, vous le ferez” C’est lui qui a donné des ordres quant à la conservation du grain, et il s’est gâté ! Et s’il décrétait que nous devions mourir ? » (Beréchith raba 91, 5)
41,56
Comme la famine régnait sur toute la contrée, Joseph ouvrit tous les greniers et vendit du blé aux Égyptiens. La famine persista dans le pays d’Égypte.
Sur toute la face de la terre

Y compris les notables de la terre, c’est-à-dire les riches (Midrach tan‘houma et Beréchith raba 91, 5)
Tous les greniers (eth kol achèr bahèm – littéralement : « tout ce qui se trouvait dans eux »)

Traduction du Targoum : « tout ce qui contenait du grain »
Il vendit du blé aux Egyptiens

Le verbe hébreu chevor peut signifier « vendre » ou « acheter ». Il signifie ici « vendre », comme dans : « achetez-nous (chivrou) un peu de nourriture » (infra 43, 2). Il ne faut pas croire qu’il ne s’emploie que pour le blé, car on l’utilise aussi pour le vin et le lait, comme dans : « allez acheter (chivrou) sans argent et sans paiement vin et lait » (Yecha’ya 55, 1)
41,57
De tous les pays on venait en Égypte pour acheter à Joseph, car la famine était grande dans toute la contrée.
De toute la terre on venait en Egypte pour acheter à (èl) Yossef

Il faut changer l’ordre des mots et comprendre : « et toute la terre venait en Egypte “chez” Yossef pour acheter », car si on devait comprendre comme le suggère la lettre du texte, il aurait fallu écrire : « “de” Yossef » [avec la préposition min au lieu de èl]
42,1
Jacob, voyant qu’il y avait vente de blé en Égypte, dit à ses fils: « Pourquoi vous entre regarder? »
Ya’aqov vit qu’il y avait du blé (chèvèr) en Egypte

Comment a-t-il vu, alors qu’il est indiqué au verset suivant qu’il a « entendu » ? Il a vu par une vision inspirée qu’il lui restait une espérance (sèvèr) en Egypte, sans que cette vision constituât une véritable prophétie qui lui aurait révélé explicitement la présence de Yossef dans ce pays (Beréchith raba 91, 6)
Pourquoi vous regardez-vous les uns les autres

Pourquoi donnez-vous l’impression (tirou) aux descendants de Yichma‘el et de ‘Essaw que vous êtes rassasiés ? (Ta‘anith 10b). A ce moment-là il leur restait encore du blé. A mon avis, le sens simple est le suivant : « Pourquoi faudrait-il que tout le monde vous regarde avec étonnement du fait que vous ne recherchez pas de nourriture aussi longtemps que vos réserves ne sont pas épuisées ? » J’ai entendu de la bouche d’autres autorités que le verbe tithraou a le sens de « maigrir » : « pourquoi vous laissez-vous maigrir de famine ? ». [Dans le même sens que la première explication :] « Celui qui rassasie (marwè) sera lui-même repu (yorè) » (Michlei 11, 25)
42,2
II ajouta « J’ai ouï dire qu’il y avait vente de blé en Égypte. Allez-y, achetez-y du blé pour nous et nous resterons en vie au lieu de mourir. »
Descendez-y

Ya‘aqov ne leur dit pas : « Allez ! », mais « Descendez ! » (redou). La guematria (valeur numérique des lettres) de redou est deux cent dix, allusion aux deux cent dix ans que durera l’esclavage d’Egypte
42,3
Les frères de Joseph partirent à dix, pour acheter du grain en Égypte.
Les frères de Yossef

Le texte ne dit pas : « les fils de Ya‘aqov », mais : « les frères de Yossef », pour souligner qu’ils s’en voulaient de l’avoir vendu et qu’ils avaient pris la résolution de se comporter fraternellement avec lui et de procéder à son rachat quelque pût en être le coût (Beréchith raba 91, 6, Midrach tan‘houma Miqéts 8)
A dix

Que signifie cette précision, d’autant qu’il est ajouté au verset suivant que Binyamin ne les a pas accompagnés ? C’est qu’ils étaient partagés en dix dans leurs sentiments de fraternité. Leur affection ou leur haine pour Yossef n’étaient pas les mêmes chez tous, tandis qu’ils étaient tous d’accord pour aller acheter du blé (Beréchith raba 91, 2)
42,4
Quant à Benjamin, frère de Joseph, Jacob ne le laissa pas aller avec ses frères, parce qu’il se disait: « II pourrait lui arriver malheur. »
De peur qu’un accident ne lui arrive

Et à la maison, ne risquait-il rien ? Rabi Eli‘èzèr ben Ya‘aqov a enseigné : D’où l’on apprend que le Satan attaque à l’heure du danger (Beréchith raba 91, 9, Midrach tan‘houma Wayigach 1)
42,5
Les fils d’Israël vinrent s’approvisionner avec ceux qui allaient en « gypte, la disette régnant dans le pays de Canaan.
Au milieu de ceux qui venaient

Ils se fondaient dans la masse afin qu’on ne les reconnût pas (Midrach tan‘houma Miqéts 6). Leur père leur avait recommandé de ne pas se montrer tous à la même porte de la ville, mais d’entrer chacun par une porte différente, afin que le « mauvais œil » n’ait pas prise sur eux, car ils étaient tous beaux, tous forts
42,6
Or, Joseph était le gouverneur de la contrée; c’était lui qui faisait distribuer le blé à tout le peuple du pays. Les frères de Joseph à leur arrivée, se prosternèrent devant lui la face contre terre.
Ils se prosternèrent la face contre terre

Ils se sont étendus le visage contre terre. L’idée de « prosternation » implique toujours l’extension des bras et des jambes contre terre (Meguila 22b)
42,7
En voyant ses frères, Joseph les reconnut; mais il dissimula vis à vis d’eux, et, leur parlant rudement, leur dit: « D’où venez vous? » Ils répondirent: « Du pays de Canaan, pour acheter des vivres.
Il fit le païen (wayithnakér) vis-à-vis d’eux

Il fut pour eux comme un païen (nokhri) en leur parlant durement (Beréchith raba 91, 7)
42,8
Joseph reconnut bien ses frères, mais eux ne le reconnurent point.
Yossef reconnut

Lorsqu’il les avait quittés, ils portaient la barbe (Ketouvoth 27b, Beréchith raba 91, 7)
Et eux ne le reconnurent pas

Ils les avait quittés imberbe, et à présent il portait la barbe. Explication du midrach (Beréchith raba 91, 7) : « Yossef reconnut ses frères » – maintenant qu’ils dépendaient de lui, ils les a reconnus comme étant ses frères et il a eu pitié d’eux. « Et eux ne le reconnurent pas » – lorsqu’il était tombé entre leurs mains, ils ne s’étaient pas conduits comme des frères
42,9
Joseph se souvint alors des songes qu’il avait eus à leur sujet. II leur dit: « Vous êtes des espions! C’est pour découvrir le côté faible du pays que vous êtes venus! »
Qu’il avait faits à leur sujet (achèr ‘halam lahèm – littéralement : « qu’il avait rêvés pour eux »)

A leur sujet. Et il a su qu’ils s’étaient réalisés, puisqu’ils s’étaient prosternés devant lui
La nudité (‘erwath)

Les points faibles du pays, ceux à partir desquels il devient facile de le conquérir, comme dans : « il découvre sa nudité (hè’èra) » (Wayiqra 20, 18), ou dans : « nue et découverte (‘èrya) » (Ye‘hezqel 16, 7). Le mot ‘èrwa signifie toujours dans le texte : « à découvert », [et donc ici le point faible de la frontière du pays, celui par lequel il est aisé de s’introduire]. Traduction du Targoum : « les défauts (bidka) du pays », comme dans : « les défauts (bèdèk) de la maison » (II Melakhim 12, 6), à savoir ce qui est en mauvais état dans la maison, mais cette traduction est très éloignée du sens littéral
42,10
Ils lui répondirent: « Non, seigneur, mais tes serviteurs sont venus pour acheter des vivres.
Non

Ne parle pas ainsi, car « tes serviteurs sont venus pour acheter de la nourriture »
42,11
Tous fils d’un même père, nous sommes d’honnêtes gens; tes serviteurs ne furent jamais des espions. »
Nous sommes tous fils d’un seul homme

Ils ont, sous l’inspiration de l’esprit saint, compté Yossef parmi eux comme étant aussi le fils de leur père (Beréchith raba 91, 6)
Nous sommes d’honnêtes gens (kénim)

Des hommes parlant vrai, comme dans : « tu as parlé juste (kén) » (Chemoth 10, 29), ou dans : « les filles de Tselof‘had parlent à bon droit (kén) » (Bamidbar 27, 7), ou encore dans : « ses vaines paroles ne sont pas vraies (lo khén) » (Yecha’ya 16, 6)
42,12
II leur dit: « Point du tout! Vous êtes venus reconnaître les côtés faibles du territoire. »
Vous êtes venus voir la nudité du pays

Vous êtes entrés en passant par les dix portes de la ville ! Pourquoi n’êtes-vous pas entrés par une seule porte ? (Beréchith raba 91, 6)
42,13
Ils répondirent: « Nous, tes serviteurs, sommes douze frères, nés d’un même père, habitants du pays de Canaan; le plus jeune est auprès de notre père en ce moment et l’autre n’est plus. »
Ils dirent : Nous

Et c’est à la recherche de cet autre « qui n’est plus » que nous nous sommes dispersés à travers la ville (ibid.)
42,14
Joseph leur dit: « Ce que je vous ai déclaré subsiste: vous êtes des espions.
C’est ce que je vous déclarais

« Je disais que vous êtes des espions. C’est l’exacte vérité ! » Tel est le sens simple. Explication du midrach : Yossef leur a dit : « Et si vous le retrouviez et que l’on vous réclame une rançon importante, le rachèteriez-vous ? » Ils ont répondu : « Oui ! » Il leur a alors demandé : « Et si l’on vous disait qu’on ne vous le rendra à aucun prix, que feriez-vous ? » Ils ont répondu : « Nous sommes venus pour cela : tuer ou être tués ! » Il leur a rétorqué : « C’est ce que je vous disais : vous êtes venus pour tuer les habitants de la ville ! Je sais par divination, au moyen de ma coupe, que deux d’entre vous ont détruit la grande ville de Chekhem.
42,15
C’est par là que vous serez jugés: sur la vie de Pharaon, vous ne sortirez pas d’ici que votre plus jeune frère n’y soit venu.
Sur la vie de Pharaon

« Si Pharaon est en vie ! » Quand il jurait faussement, il jurait par la vie de Pharaon
Vous ne sortirez pas d’ici

De cet endroit-ci
42,16
Dépêchez l’un de vous pour qu’il aille quérir votre frère et vous, restez prisonniers: on appréciera alors la sincérité de vos paroles. Autrement, par Pharaon! vous êtes des espions. »
Si la vérité est avec vous

Le préfixe hé devant èmeth (« vérité ») équivaut à im (« si »). Aussi est-il ponctué d’un pata‘h, pour marquer une interrogation indirecte
Et sinon

Si vous n’amenez pas votre frère, « sur la vie de Pharaon, vous êtes des espions »
42,17
Et il les garda en prison durant trois jours.
Sous garde

En prison
42,18
Le troisième jour, Joseph leur dit: « Faites ceci et vous vivrez; je crains le Seigneur.
42,19
Si vous êtes de bonne foi, qu’un seul d’entre vous soit détenu dans votre prison, tandis que vous irez apporter à vos familles de quoi calmer leur faim.
Dans la maison où l’on vous a gardés

Celle où vous êtes actuellement détenus
Et vous

A la maison de votre père
La nourriture pour la famine de vos maisons

Ce que vous aurez acheté pour calmer la faim des gens de vos maisons
42,20
Puis amenez moi votre jeune frère et vos paroles seront justifiées et vous ne mourrez point. » Ils acquiescèrent.
Et vos paroles seront vérifiées (weyéamnou)

Elles se vérifieront et se confirmeront, comme dans : « et la femme répondra : « Amen ! Amen ! » (Bamidbar 5, 22), ou dans : « puisse ta parole se vérifier (yéomén) » (I Melakhim 8, 26)
42,21
Et ils se dirent l’un à l’autre: « En vérité nous sommes punis à cause de notre frère; nous avons vu son désespoir lorsqu’il nous criait de grâce et nous sommes demeurés sourds. Voilà pourquoi ce malheur nous est arrivé. »
Certes

Traduction du Targoum : « en vérité ». J’ai trouvé dans Beréchith raba (91, 8) le mot équivalent veram tel qu’il est employé en latin (« verum »)
Est venu sur nous

Dans le mot baa (« est venu »), l’accent tonique est mis sur l’avant-dernière syllabe (beith), étant donné que le verbe est au passé : « il est déjà venu ». Même traduction dans le Targoum
42,22
Ruben leur répondit en ces termes: « Est ce que je ne vous disais pas alors: Ne vous rendez point coupables envers cet enfant! Et vous ne m’écoutâtes point. Eh bien! Voilà que son sang nous est redemandé. »
Et voici qu’en effet son sang

La préposition eth (qui introduit le complément direct) et l’adverbe gam (« aussi ») viennent toujours ajouter quelque chose (Beréchith raba 1, 14). Gam veut dire ici : « son sang et “aussi” celui de notre vieux père » (Beréchith raba 91, 8)
42,23
Or ils ne savaient pas que Joseph les comprenaient, car il s’était servi d’un interprète.
Et eux ne savaient pas que Yossef entendait

Qu’il comprenait leur langue. C’est devant lui qu’ils s’exprimaient ainsi
Car l’interprète était entre eux

Lorsqu’ils s’adressaient à Yossef, l’interprète qui savait à la fois l’hébreu et l’égyptien traduisait leurs paroles à Yossef et réciproquement. Aussi croyaient-ils que Yossef ne comprenait pas l’hébreu
L’interprète

C’était Menachè (Beréchith raba 91, 8)
42,24
Il s’éloigna d’eux et pleura; puis il revint à eux, leur parla et sépara d’eux Siméon, qu’il fit incarcérer en leur présence.
Il se détourna d’eux

Il s’éloigna d’eux, afin qu’ils ne le voient pas pleurer
Il pleura

Parce qu’il les avait entendus regretter leur conduite
Chim‘on

C’est lui qui l’avait jeté dans le puits (Midrach tan‘houma 17). C’est lui aussi qui avait dit à Léwi : « Voici venir l’homme aux rêves » (supra 37, 19). Autre explication : Yossef tenait à séparer Chim‘on de Léwi, afin qu’ils ne puissent s’entendre pour le tuer (Beréchith raba 91)
Il l’emprisonna à leurs yeux

Ce n’est qu’à leurs yeux qu’il l’a enfermé. Après leur départ, il l’a fait libérer et lui a donné à manger et à boire
42,25
Joseph ordonna qu’on remplit leur bagages de blé; puis qu’on remit l’argent de chacun dans son sac et qu’on leur laissa des provisions de voyage, ce qui fut exécuté.
42,26
Ils chargèrent leur blé sur leurs ânes et partirent.
42,27
L’un d’eux, ayant ouvert son sac pour donner du fourrage à son âne, dansune hôtellerie, trouva son argent qui était à l’entrée de son sac.
L’un ouvrit

C’était Léwi, qui était resté « un », séparé de Chim‘on, son compagnon habituel (voir Targoum Yonathan)
Dans une auberge (malon)

L’endroit où l’on passe la nuit (loun)
A l’ouverture de son sac

Amta‘hath est synonyme de saq
42,28
Et il dit à ses frères: « Mon argent a été remis; et de fait, le voici dans mon sac. » Le cœur leur manqua et ils s’entreregardèrent effrayés en disant: « Qu’est ce donc que le Seigneur nous prépare! »
Et aussi

L’argent aussi, en plus du blé
Qu’est ceci

Pour nous faire courir le danger de cette accusation, car c’est pour dresser contre nous une accusation que l’on a remis l’argent dans nos sacs
42,29
Arrivés chez Jacob leur père, au pays de Canaan, ils lui contèrent toute leur aventure en ces termes:
42,30
« Ce personnage, le maître du pays, nous a parlé durement; il nous a traités comme venant explorer le pays.
42,31
Nous lui avons dit: « Nous sommes des gens de bien, nous ne fûmes jamais des espions.
42,32
Nous sommes douze frères, fils du même père: l’un est perdu et le plus jeune est actuellement avec notre père au pays de Canaan.
42,33
Le personnage, maître du pays, nous a répondu: ‘Voici à quoi je reconnaîtrai que vous êtes sincères: laissez l’un de vous auprès de moi, prenez ce que réclame le besoin de vos familles et partez;
42,34
puis, amenez-moi votre jeune frère et je saurai que vous n’êtes pas des espions, que vous êtes d’honnêtes gens; je vous rendrai votre frère et vous pourrez circuler dans le pays.’
Et vous ferez du négoce dans pays (tis‘harou)

Vous y circulerez. La racine sa‘hor, telle qu’elle employée ici, donne so‘harim (« marchands »), et se‘hora (« marchandise ») : les marchands circulent à la recherche de marchandises
42,35
Or, comme ils vidaient leurs sacs, voici que chacun retrouva son argent serré dans son sac; à la vue de cet argent ainsi enveloppé, eux et leur père frémirent.
Le paquet d’argent

Sa bourse
42,36
Jacob, leur père, leur dit: « Vous m’arrachez mes enfants! Joseph a disparu, Siméon a disparu et vous voulez m’ôter Benjamin! C’est sur moi que tout cela tombe. »
Vous m’avez privé d’enfants (chikaltèm)

Cela nous apprend que Ya‘aqov les soupçonnait de l’avoir, tout comme Yossef, tué ou vendu comme serviteur (Beréchith raba 91, 9)
Vous m’avez privé d’enfants (chikaltèm)

Celui qui perd ses enfants est appelé chakoul (voir Rachi supra 27, 45)
42,37
Ruben dit à son père: « Fais mourir mes deux fils, si je ne te le ramène! Confie le à mes mains et je le ramènerai près de toi. »
42,38
Il répondit: « Mon fils n’ira point avec vous; car son frère n’est plus et lui seul reste encore. Qu’un malheur lui arrive sur la route où vous irez et vous ferez descendre, sous le poids de la douleur, mes cheveux blancs dans latombe. »
Mon fils ne descendra pas avec vous

Ya‘aqov n’accepte pas les paroles de Reouven. Il dit : « Mon fils aîné est stupide ! Il parle de faire mourir “ses” enfants ! Mais ses enfants ne sont-ils pas aussi les miens ? » (Beréchith raba 91, 9)
43,1
Cependant, la famine pesait sur le pays.
43,2
Lors donc qu’on eut consommé tout le blé qu’ils avaient apporté d’Égypte, leur père leur dit: « Allez de nouveau nous acheter un peu de nourriture. »
Quand ils eurent achevé de manger

Yehouda leur avait dit : Prenez patience avec notre vieux père jusqu’à ce que nous n’ayons plus de pain à la maison (Midrach tan‘houma 8)
Quand ils eurent achevé

Traduction du Targoum : Quand ils eurent épuisé. Ce serait une erreur de traduire comme dans : « quand les chameaux eurent fini de boire » (supra 24, 22), que le Targoum rend par : « quand les chameaux eurent assez… », c’est-à-dire : lorsque leur soif a été apaisée. Ici, en revanche, « quand ils eurent achevé » veut dire : « lorsque la nourriture a été épuisée »
43,3
Juda lui parla ainsi: « Cet homme nous a formellement avertis en disant: ‘Vous ne paraîtrez point devant moi, si votre frère ne vous accompagne.’
Cet homme nous a formellement avertis (ha‘éd hé‘id – littéralement : « faire témoigner

Ce verbe, qui signifie au sens propre : « témoigner », doit être rendu ici par « avertir », parce qu’un avertissement se donne généralement devant témoins, comme dans : « J’ai formellement averti (ha’éd ha’idothi) vos pères » (Yirmeya 11, 7), ou dans : « descends avertir (ha’éd) le peuple » (Chemoth 19, 21)
Vous ne verrez pas ma face sans (bilti) votre frère avec vous

Vous ne me verrez pas sans que votre frère soit avec vous. Traduction du Targoum Onqelos : « seulement lorsque votre frère sera avec vous ». Il rend ainsi correctement le mot bilti, sans serrer de trop près au texte
43,4
Si tu consens à laisser partir notre frère avec nous, nous irons acheter pour toi des vivres.
43,5
Mais si tu n’en fais rien, nous ne saurions y aller, puisque cet homme nous a dit: ‘Vous ne paraîtrez devant moi qu’accompagnés de votre frère.’
43,6
Israël reprit: « Pourquoi m’avez vous rendu ce mauvais office, d’apprendre à cet homme que vous avez encore un frère?
43,7
Ils répondirent: « Cet homme nous a questionnés en détail sur nous et sur notre famille, disant: ‘Votre père vit il encore? Avez vous encore un frère?’ Et nous lui avons répondu selon ces questions. Pouvions nous prévoir qu’il dirait: ‘Faites venir votre frère?’ « 
A notre sujet et au sujet de notre engendrement

Au sujet de nos familles. Explication du midrach : Il nous a même révélé de quel bois étaient faits nos berceaux (Beréchith raba 91, 10)
Nous lui avons parlé

Que nous avons un père et un frère
Selon la teneur de ces paroles-là

Compte tenu des questions qu’il nous a posées, nous avons été obligés de tout lui raconter
Qu’il dirait

La conjonction ki a ici le sens de achèr (« que »). La conjonction ki peut être employée dans le sens de im (« si »), et im peut être employé dans le sens de achèr. Nous avons ici l’une des quatre significations de la conjonction ki, où elle est employée dans le sens de im, comme dans (supra 24, 33) : « jusqu’à ce que j’aie dit mes paroles (‘ad im) » (Roch haChana 3a. Voir aussi Rachi supra 18, 15)
43,8
Juda dit à Israël, son père: « Laisse aller le jeune homme avec moi, que nous puissions nous disposer au départ; et nous vivrons au lieu de mourir, nous et toi et nos familles.
Nous vivrons

L’esprit saint l’a inspiré : par ce voyage, ton esprit revivra, ainsi qu’il est écrit : « l’esprit de Ya’aqov, leur père, revint à la vie » (infra 45, 27)
Et nous ne mourrons pas

De faim. En ce qui concerne Binyamin, tu ne peux savoir s’il sera ou non retenu prisonnier, mais nous, il est certain que nous mourrons de faim si nous n’y allons pas. Mieux vaut donc que tu ne tiennes pas compte de ce qui est douteux et que tu ne prennes en considération que ce qui est certain (Midrach tan‘houma 8)
43,9
C’est moi qui réponds de lui, c’est à moi que tu le redemanderas: si je ne te le ramène et ne le remets en ta présence, je me déclare coupable à jamais envers toi.
Si je ne le présente devant toi

Je ne te le ramènerai pas mort, mais vivant
Je serai coupable envers toi tous les jours

Y compris dans le monde à venir (Beréchith raba 91, 10)
43,10
Certes, sans nos délais, nous serions, à présent, déjà revenus deux fois! »
Car si nous ne nous étions pas attardés

A cause de toi, nous serions déjà revenus avec Chim‘on, et tu ne te serais pas inquiété pendant tout ce temps
43,11
Israël, leur père, leur dit: « Puisqu’il en est ainsi, eh bien! Faites ceci: mettez dans vos bagages des meilleures productions du pays et apportez les en hommage à cet homme: un peu de baume, un peu de miel, des aromates et du lotus, des pistaches et des amandes.
Donc (éfo)

Le mot éfo est explétif et appartient à la syntaxe hébraïque. Si je suis ainsi obligé de vous confier Binyamin, il me faut chercher « où donc » (ayé fo) trouver le moyen de vous donner un conseil. Aussi vous dis-je : « Faites ceci : Prenez des meilleures productions (littéralement : “du chant”) du pays »
De aromates (nekhoth)

Traduction du Targoum : ce qui est vanté dans le pays. Tous « chantent » l’éloge de cette production lorsqu’elle vient au monde
Le mot « nékhot »

Des aromates (Beréchith raba 91, 11. Voir Rachi supra 27, 25)
Des pistaches

Je ne sais pas ce que c’est. J’ai lu dans le dictionnaire de rabi Makhir, [frère de Rabénou Guerchom], qu’il les rend par « pistachios ». Il semble s’agir de pêches
43,12
Munissez vous d’une somme d’argent double: l’argent qui a été remis à l’entrée de vos sacs, restituez le de votre main, c’est peut être une méprise.
Une somme d’argent double

Double de la première
Et prenez dans vos mains

Pour acheter de la nourriture. Peut-être les prix ont-ils augmenté
C’est peut-être une méprise

Peut-être l’intendant de la maison l’a-t-il oublié par erreur, [et non à la suite d’une méprise de votre part qui auriez oublié de payer le blé]
43,13
Et prenez votre frère et disposez-vous à retourner vers cet homme.
43,14
Que le Dieu tout puissant vous fasse trouver compassion auprès de cet homme, afin qu’il vous rende votre autre frère et Benjamin. Pour moi, j’ai pleuré mes fils, je vais les pleurer encore. »
Que Qél Chaqaï

Vous n’avez plus besoin de rien d’autre que d’une prière. Aussi vais-je prier pour vous (Beréchith raba 91, 11)
Qél Chaqaï [écrit avec un daleth à la place du qof]

Celui dont il suffit (daï) que l’on reçoive de Lui le don de Sa miséricorde et qui possède assez (daï) de puissance en Sa main pour donner, qu’Il vous fasse trouver grâce. Tel est le sens simple du texte. Quant au midrach (Beréchith raba 92, 1), il explique : Celui qui a dit à l’univers : daï (« assez ! »), qu’Il dise daï à mes souffrances, car je n’ai pas eu de repos depuis mes jeunes années. J’ai souffert par Lavan, j’ai souffert par ‘Essaw, j’ai souffert par Ra‘hel, j’ai souffert par Dina, j’ai souffert par Yossef, j’ai souffert par Chim‘on, j’ai souffert par Binyamin
Qu’il renvoie

Traduction du Targoum : qu’il libère. Qu’il le libère [au pi‘él] de sa captivité, comme dans : « il le renverra (yechal‘énnou) libre » (Chemoth 21, 26). Il ne faudrait pas traduire par : « il l’enverra », puisque ce sont eux qui se rendent vers lui
Votre frère

« Votre frère », c’est Chim‘on
« L’autre »

c’est Yossef, que l’esprit saint lui a fait ajouter (Beréchith raba 92, 3)
Et moi

Jusqu’à votre retour, et sous l’effet du doute, je serai privé de mes enfants
« Comme je suis privé d’enfant »

De Yossef et de Chim‘on
Je reste privé d’enfant

De Binyamin
43,15
Ces hommes se chargèrent du présent, se munirent d’une somme double et emmenèrent Benjamin. Ils se mirent en route, arrivèrent en Égypte et parurent devant Joseph.
Et Binyamin

Le Targoum ajoute : « et ils emmenèrent (oudevarou) » Binyamin. C’est que le verbe « prendre » ne peut pas, en araméen, s’appliquer à un objet en même temps qu’à une personne. Lorsqu’il s’agit d’un objet que l’on prend dans la main, le Targoum emploie le mot nessiv. Lorsqu’il s’agit d’une personne que l’on prend en la conduisant par des paroles, il emploie le verbe oudevar (« emmener »)
43,16
Joseph, apercevant parmi eux Benjamin, dit à l’intendant de sa maison: « Fais entrer ces hommes chez moi; qu’on tue des animaux et qu’on les accommode, car ces hommes dîneront avec moi. »
Qu’on égorge des animaux et qu’on les accommode

Le texte emploie ici des infinitifs : « et d’égorger des animaux et de les accommoder ». Le verbe outevoa‘h n’est pas à l’impératif, car il aurait été vocalisé outeva‘h
A midi

Traduction du Targoum : bechéroutha (« le repas de midi »), à savoir le premier repas de la journée. En français médiéval : « disner ». On trouve fréquemment ce mot dans la guemara : « lancer au chien son repas (chérouthei) » (Ta‘anith 11b), « couper du pain pour tout le repas (chéroutha) » (Berakhoth 39b). Mais le mot « midi » pris isolément est traduit par le Targoum par tihara (« l’heure de midi »)
43,17
L’homme exécuta l’ordre de Joseph et il introduisit les voyageurs dans la maison de Joseph.
43,18
Mais ces hommes s’alarmèrent en se voyant introduits dans la maison de Joseph et ils dirent: « C’est à cause de l’argent remis la première fois dans nos sacs, qu’on nous a conduits ici, pour nous accabler et se jeter sur nous, pour nous rendre esclaves, pour s’emparer de nos ânes. »
Les hommes eurent peur

Le mot wayyirou (« ils eurent peur ») étant écrit avec deux yod, et c’est ainsi que le traduit le Targoum. [Il s’agit donc du verbe « craindre », et non du verbe « voir »]
De ce qu’on les avait conduits dans la maison de Yossef

Les gens qui venaient acheter du blé ne logeaient pas, d’habitude, dans la maison de Yossef, mais dans les auberges de la ville
Ils eurent peur

Que cela ait pour seul but leur incarcération
Qu’on nous a conduits ici

Dans cette maison-ci
Pour qu’on se précipite (lehithgolèl)

Pour que l’accusation d’avoir pris l’argent « roule » (hithgolèl) sur nous et « tombe » (hithnapél) sur nous. Le Targoum Onqelos traduit lehithnapél par « accuser », comme dans : « des paroles d’accusation » (Devarim 22, 14), mais ce n’est pas le sens littéral. Quant à lehithgolèl, il le rend par « agir envers nous en maître », comme dans : « la coupe d’or (goulath hazahav) » (Qohèleth 12, 6), ou dans : « sa coupe (gouletha) est emportée » (Na‘houm 2, 8), expressions qui indiquent un signe de royauté
43,19
Ils abordèrent l’homme qui gouvernait la maison de Joseph et lui parlèrent au seuil de la maison,
43,20
disant: « De grâce, seigneur! Nous étions venus une première fois pour acheter des provisions;
De grâce

Expression de sollicitation et de supplication, la même qu’en araméen : biyya biyya (Yoma 69b)
Nous sommes descendus

C’est pour nous une régression. Nous qui avions l’habitude de nourrir les autres en sommes aujourd’hui réduits à avoir recours à toi (Beréchith raba 92, 4)
43,21
et il est advenu, quand nous sommes arrivés dans l’hôtellerie et que nous avons ouvert nos sacs, voici que l’argent de chacun était à l’entrée de son sac, notre même poids d’argent nous le rapportons dans nos mains.
43,22
Et nous avons apporté par de vers nous une autre somme pour acheter des vivres. Nous ne savons qui a replacé notre argent dans nos sacs. »
43,23
II répondit: « Soyez tranquilles, ne craignez rien. Votre Dieu, le Dieu de votre père, vous a fait trouver un trésor dans vos sacs; votre argent m’était parvenu. » Et il leur amena Siméon.
Votre Eloqim

Par votre mérite. Et si votre mérite n’y suffisait pas, par « le Eloqim de votre père ». C’est par le mérite de votre père qu’Il vous a donné ce trésor
43,24
L’intendant fit entrer ces hommes dans la demeure de Joseph; on apporta de l’eau et ils lavèrent leur pieds et l’on donna du fourrage à leurs ânes.
L’homme introduisit

Pour la seconde fois (voir verset 17). Les frères de Yossef l’avaient repoussé au-dehors jusqu’à ce qu’ils puissent lui parler à la porte de la maison (voir versets 18 : « qu’on nous a conduits ici » et 19). C’est lorsqu’il leur a dit : « Que la paix soit avec vous ! » (verset 23) qu’ils l’ont suivi et sont entrés
43,25
Ils apprêtèrent le présent, Joseph devant venir à midi; car ils avaient appris que c’était là qu’on ferait le repas.
Ils préparèrent

Ils l’apprêtèrent, en l’ornant d’une belle présentation
43,26
Joseph étant rentré à la maison, ils lui apportèrent, dans l’intérieur, le présent dont ils s’étaient munis et s’inclinèrent devant lui jusqu’à terre.
A la maison

Du vestibule jusqu’à la grande salle, [le mot « maison » figurant deux fois dans le verset]
43,27
Il s’informa de leur bien être, puis il dit: « Comment se porte votre père, ce vieillard dont vous avez parlé? Vit-il encore? »
43,28
Ilsrépondirent: « Ton serviteur, notre père, vit encore et se porte bien. » Et ils s’inclinèrent et se prosternèrent.
Ils s’inclinèrent

Pour le saluer. L’inclinaison s’applique à la tête, la prosternation se définissant par une extension des bras et des jambes contre terre (Meguila 22b)
43,29
En levant les yeux, Joseph aperçut Benjamin, son frère, le fils de sa mère et il dit: « Est ce là votre jeune frère, dont vous m’avez parlé? » Et il ajouta: « Dieu te soit favorable, mon fils! »
Eloqim te favorise

Nous avons déjà rencontré le terme de « faveur de Eloqim » chez les autres tribus : « ce sont les enfants dont Eloqim a favorisé ton serviteur » (supra 33, 5). Mais Binyamin n’était pas encore né à cette époque. C’est pourquoi Yossef le bénit spécialement de la faveur divine (Beréchith raba 92, 5)
43,30
Joseph se hâta de sortir, car sa tendresse pour son frère s’était émue et il avait besoin de pleurer; il entra dans son cabinet et il y pleura.
Car ses entrailles s’étaient émues

Il lui a demandé : « As-tu un frère issu de la même mère ? » Binyamin lui a répondu : « J’en avais un, mais je ne sais pas ce qu’il est devenu. — As-tu des enfants ? — J’en ai dix. — Comment s’appellent-ils ? — Bèla’, Bèkhèr… (infra 46, 21) — Que signifient ces noms ? — Ils me rappellent tous mon frère et les souffrances qu’il a endurées : Bèla’, parce qu’il a été “avalé” (nivela’) parmi les peuples. Bèkhèr, parce qu’il était le “premier-né” (bekhor) de ma mère. Achbel, parce que Dieu l’a “conduit en captivité” (chevao). Guéra, parce qu’il est devenu un “étranger” (guér), hébergé dans les auberges. Na’aman, parce qu’il était “aimable” (na‘ïm) à l’extrême. E’hi et Roch, parce qu’il était mon “frère” (a‘h) et qu’il était ma “tête” (roch). Moupim, parce qu’il s’est instruit de la “bouche” (pè) de mon père. ‘Houpim, parce qu’il n’a pas assisté à mon “mariage” (‘houpa) et que je n’ai pas assisté au sien. Ard, parce qu’il est “descendu” (yarad) parmi les peuples » (Sota 36b). Aussitôt ses entrailles se sont émues
S’étaient émues

S’étaient échauffées. La michna emploie un mot de la même racine pour désigner l’endroit où l’on entasse les olives pour qu’elles s’échauffent (Baba Metsi‘a 74a). De même en araméen pour le réchauffement de la viande (Pessa‘him 58a), et dans : « notre peau est comme chauffée (nikhmarou) par un four » (Eikha 5, 10), c’est-à-dire qu’elle est chaude et toute plissée par les affres de la faim. La peau, lorsqu’elle est au contact de la chaleur, forme des plis et se ride
43,31
II se lava le visage et ressortit; puis, se faisant violence, il dit: « Servez le repas. »
Il se contint (wayithapaq)

Il a fait effort sur lui-même. Le mot appartient à la même famille que : « les puissants (afiqi) boucliers » (Iyov 41, 7). Il s’agit de la force. De même : « Il délie les ceintures (afiqim) des forts » (ibid. 12, 21)
43,32
II fut servi à part et eux à part et à part aussi les égyptiens ses convives; car les égyptiens ne peuvent manger en commun avec les hébreux, cela étant une abomination en Égypte.
Cela étant une abomination

Les Egyptiens détestent manger avec les Hébreux, et le Targoum Onqelos en donne la raison
43,33
Ils se mirent à table devant lui, le plus âgé selon son âge, le plus jeune selon le sien; ces hommes se regardaient l’un l’autre avec étonnement.
Le premier-né selon son droit d’aînesse

Yossef frappait sa coupe et appelait : « Reouven ! Chim‘on ! Léwi ! Yehouda ! Yissakhar ! Zevouloun ! Vous qui êtes les fils d’une même mère, asseyez-vous dans cet ordre, qui est celui de votre naissance ! » Et de même pour les autres. Arrivé à Binyamin, Yossef a dit : « Celui-ci n’a pas de mère, ni moi non plus. Qu’il prenne place près de moi ! » (Beréchith raba 92, 5)
43,34
Joseph leur fit porter des présents de sa table; la part de Benjamin était cinq fois supérieure à celles des autres. Ils burent et s’enivrèrent ensemble.
Des parts

Des portions de nourriture
Cinq fois

Une part égale à celle de ses autres frères, à laquelle sont venues s’ajouter celles de Yossef, de Assenath, de Menachè et d’Efrayim
Ils burent

Ils n’avaient plus bu de vin depuis le jour de sa vente, ni lui non plus. Ce jour-là ils en ont bu (Chabath 139a, Beréchith raba 92, 5)
44,1
Joseph donna cet ordre à l’intendant de sa maison « Remplis de vivres les sacs de ces hommes, autant qu’ils en peuvent contenir et dépose l’argent de chacun à l’entrée de son sac.
44,2
Et ma coupe, la coupe d’argent, tu la mettras à l’entrée du sac du plus jeune, avec le prix de son blé. » Ce que Joseph avait dit fut exécuté.
Ma coupe

Une coupe allongée. En français médiéval : « maderne »
44,3
Le matin venu, on laissa repartir ces hommes, eux et leurs ânes.
44,4
Or, ils venaient de quitter la ville, ils en étaient à peu de distance, lorsque Joseph dit à l’intendant de sa maison: « Va, cours après ces hommes et, aussitôt atteints, dis leur: « Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien?
44,5
N’est ce pas dans cette coupe que boit mon maître et ne lui sert elle pas pour la divination? C’est une mauvaise action que la vôtre! »
44,6
II les atteignit et leur adressa ces mêmes paroles.
44,7
Ils lui répondirent: « Pourquoi mon seigneur tient il de pareils discours? Dieu préserve tes serviteurs d’avoir commis une telle action!
Loin (‘halila) de tes serviteurs

C’est pour nous une chose dégradante [au sens de ‘houlin (« chose profane »], expression désignant une infamie. Traduction du Targoum : [Dieu] garde pour tes serviteurs ! que le Saint béni soit-Il préserve tes serviteurs de faire pareille chose ! On trouve souvent dans la guemara l’expression : ‘has wechalom (« préservation et paix »)
44,8
Quoi! L’argent que nous avons trouvé à l’entrée de nos sacs, nous te l’avons rapporté du pays de Canaan; et nous déroberions, dans la maison de ton maître, de l’argent ou de l’or!
Voici ! l’argent que nous avons trouvé

On trouve ici l’un des dix raisonnements a fortiori énumérés dans la Tora. Ils sont détaillés dans Beréchith raba (92, 7)
44,9
Celui de tes serviteurs qui l’aura en sa possession, qu’il meure; et nous-mêmes, nous serons les esclaves de mon seigneur. »
44,10
Il répliqua: « Oui certes, ce que vous dites est juste. Seulement celui qui en sera trouvé possesseur sera mon esclave et vous serez quittes. »
Maintenant aussi

Ce que vous dites est tout aussi juste : vous êtes tous, en vérité, responsables de la chose. Dix personnes, dans les mains de l’une desquelles on découvre un objet volé, doivent toutes être emprisonnées (Beréchith raba 92, 8). Mais moi, je vais agir envers vous « en deçà de la ligne du droit strict » (c’est-à-dire avec indulgence) : « celui chez qui elle sera trouvée sera mon serviteur…
44,11
Ils se hâtèrent, chacun, de descendre leurs sacs à terre et chacun ouvrit le sien.
44,12
L’intendant fouilla, commençant par le plus âgé, finissant par le plus jeune. La coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin.
Commençant par le plus grand

Pour qu’ils ne remarquent pas qu’il savait où était la coupe
44,13
Ils déchirèrent leurs vêtements; chacun rechargea son âne et ils retournèrent à la ville.
Chaque homme rechargea son âne

Etant donné leur vigueur physique, ils n’avaient pas besoin de s’entraider pour charger
Ils retournèrent à la ville

C’était la capitale, et pourtant le texte parle ici d’une simple « ville », comme si c’était une localité quelconque ! C’est qu’elle n’avait pas, à leur yeux, s’il fallait y engager le combat, plus d’importance qu’une bourgade de dix habitants
44,14
Juda entra avec ses frères dans la demeure de Joseph, lequel s’y trouvait encore; et ils se jetèrent à ses pieds contre terre.
Et il était là encore

Il les attendait
44,15
Joseph leur dit « Quelle action venez vous de commettre! Ne savez vous pas qu’un homme tel que moi devine les mystères? »
Ne savez-vous pas qu’il pratique la divination

Ne savez-vous pas qu’un homme de mon rang sait pratiquer la divination, et donc discerner par connaissance, réflexion et intelligence que c’est vous qui avez volé la coupe
44,16
Juda répondit: « Que dirons-nous à mon seigneur? Comment parler et comment nous justifier? Le Tout Puissant a su atteindre l’iniquité de tes serviteurs. Nous sommes maintenant les esclaves de mon seigneur et nous et celui aux mains duquel s’est trouvée la coupe. »
Eloqim a trouvé

Nous savons que nous n’avons fait aucun mal. Mais c’est du Saint béni soit-Il qu’est advenu ce qui nous arrive. Le créancier a trouvé l’occasion de se faire payer ce qui lui est dû (Beréchith raba 92, 9)
Et comment nous justifierons-nous (nitstadaq)

Du radical tsèdèq (« le droit »). Lorsqu’un verbe dont la première lettre du radical est un tsadè est conjugué au hithpa’él, le taw est remplacé par un tèth. Et ce tèth ne se place pas devant la première lettre du radical, mais entre les deux premières lettres, comme ici dans nitstadaq, du radical tsèdèq, et aussi dans : yitstaba’ (« il sera mouillé »), du radical tseba’ (Daniel 4, 12), wayitstayarou (« ils se firent passer pour des messagers ») (Yehochou‘a 9, 4), du radical tsir (« messager » de fidélité, Michlei 13, 17), hitstayadnou (« nous en fîmes provision », Yehochou‘a 9, 12), du même radical que tsèda ladèrekh (« provisions pour le voyage », infra 45, 21). Quant aux verbes dont la première lettre du radical est un samèkh ou un chin, on les conjugue au hithpa’él avec un taw intercalé entre les deux premières lettres, comme dans weyistabél (« est devenu pesant »), du radical sabol (Qohèleth 12, 5). Mistakél (« je considérais »), du radical sakhol (Daniel 7, 8). Wayichtamér (« on garde »), du radical chamor (Mikha 6, 16). Michtolél (« passe pour un insensé », Yecha’ya 59, 15), du même radical que cholal (Iyov 12, 17) : « il mène les conseillers d’une manière folle ». Mistolél (« tu foules encore aux pieds », Chemoth 9, 17), du même radical que seloula (« foulé », Yecha’ya 18, 15)
44,17
II répliqua: « Loin de moi d’agir ainsi! L’homme aux mains duquel la coupe s’est trouvée, sera mon esclave; pour vous, retournez en paix auprès de votre père. »
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